Démence vasculaire: définition, symptômes, évolution et traitement

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La démence vasculaire est la deuxième cause de démence la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer. Contrairement aux pathologies neurodégénératives dans lesquelles la mort des cellules est programmée, il est possible de prévenir la démence vasculaire. Les explications de la Pr Charlotte Cordonnier, neurologue au CHU de Lille, chercheuse à l'Inserm et présidente de la Société Française NeuroVasculaire.
Qu'est-ce que la démence vasculaire?
La démence est un terme générique qui regroupe un ensemble de troubles cognitifs sévères entraînant un déclin des fonctions cognitives et un retentissement sur l'autonomie. On distingue deux grands types de causes de troubles cognitifs:
- Les pathologies neurodégénératives (maladie d'Alzheimer, maladie de Parkinson) qui se traduisent par un déclin progressif et irrémédiable du fonctionnement cognitif lié à la mort des cellules nerveuses et à la dégénérescence du tissu cérébral
- Les pathologies cérébrovasculaires: qui provoquent la destruction du tissu cérébral par un apport insuffisant en sang, en oxygène et en énergie aux cellules cérébrales. "Autrement dit, la manière dont le cerveau est nourri peut avoir des conséquences sur la mémoire et le fonctionnement du cerveau, précise la Pr Charlotte Cordonnier. En effet, le sang arrive jusqu'au cerveau auquel il va apporter du sucre, de l'oxygène et de l'énergie. Lorsque les vaisseaux sont malades, les cellules du cerveau ne reçoivent plus ces nutriments indispensables et par conséquent, meurent."
Quels sont les facteurs de risque de ce type de démence?
La démence vasculaire est due à la destruction du tissu cérébral, le plus souvent induite par un accident vasculaire cérébral (AVC). Les facteurs de risque de démence vasculaire sont bien identifiés puisqu'il s'agit des facteurs de risque cardiovasculaires, à savoir:
- L'hypertension artérielle
- Le diabète
- L'athérosclérose
- La fibrillation atriale
- L'hypercholestérolémie
- Le tabagisme
- La consommation excessive d'alcool
- La sédentarité
Agressivité, troubles cognitifs, troubles du sommeil… Quels sont les premiers signes de cette maladie?
Les troubles de la mémoire sont différents de ceux que l'on peut observer dans la maladie d'Alzheimer. Cette dernière se manifeste essentiellement par des troubles de la mémoire, des troubles dans l'exécution des gestes de la vie quotidienne (faire ses courses, se servir de son téléphone, cuisiner…), des difficultés pour raisonner, planifier des actions et résoudre des problèmes, une désorientation, des troubles du langage, une anxiété et parfois, de l'agressivité.
Les maladies cérébrovasculaires évoluent un peu plus par à-coups et se traduisent quant à elles par une réflexion très lente, des difficultés à planifier, à résoudre les problèmes et à effectuer des tâches simples comme compter, faire ses lacets.
Sur quoi repose le diagnostic?
Le diagnostic repose sur: (1) l'interrogatoire du patient et de son entourage, (2) des tests de mémoire, (3) une imagerie du cerveau.
- L'interrogatoire: "on va demander au patient de lister les actions de la vie quotidienne dans lesquelles il est gêné: est-ce qu'il oublie les choses? Est-ce qu'il a du mal à retrouver des objets? Ou alors, est-ce qu'il éprouve plutôt des difficultés pour planifier des actions, faire ses lacets, faire des calculs, cuisiner?", informe la neurologue.
- Un bilan de la mémoire: "cela vise à mettre en évidence quelle sphère du cerveau est atteinte", reprend-elle.
- Une imagerie médicale, "le plus souvent une IRM cérébrale, qui en cas de troubles de la mémoire liés aux lésions des vaisseaux, mettra en évidence des hypersignaux de la substance blanche, c'est-à-dire de petits infarctus liés aux zones du cerveau qui n'ont pas été nourries", détaille la spécialiste.
Comment ralentir la démence vasculaire?
La prévention de la démence vasculaire réside dans la maîtrise des facteurs de risque cardiovasculaires. Cela passe par le dépistage et le traitement de l'hypertension artérielle, du diabète, du surpoids, le fait de pratiquer une activité physique régulière, de ne pas fumer, et de ne pas consommer d'alcool quotidiennement.
"L'ensemble de ces éléments va avoir un impact sur la manière dont les cellules cérébrales sont nourries, ce qui est probablement l'axe de prévention le plus fort en ce qui concerne la démence puisque, avec des gestes simples, on peut protéger le cerveau de manière très efficace contre l'accumulation des lésions vasculaires", observe la Pr Charlotte Cordonnier.
Comment évolue la démence vasculaire?
La prise en charge de la démence vasculaire repose essentiellement sur la remédiation cognitive, grâce à des séances avec l'orthophoniste ou le neuropsychologue afin de travailler sur les zones du cerveau qui ne fonctionnent pas correctement, réapprendre des mots, faire du calcul et reproduire des images. En complément, des médicaments sont souvent prescrits pour limiter l'aggravation des symptômes, notamment pour réduire l'hypertension et fluidifier le sang. "En revanche, les petits trous qui se sont formés sont irréversibles. La stratégie vise à éviter la formation de nouveaux trous. On estime que 90% des AVC peuvent être évités", conclut notre experte.
Merci à la Pr Charlotte Cordonnier, Neurologue au CHU de Lille et chercheuse à l'Inserm.
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