Balade à Évian-les-Bains, la magie du Léman

Cet article est paru dans le magazine Notre Temps Jeux
Au Moyen Âge, le clocher de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, à Évian, servait de tour de guet. Aujourd'hui, ses abords constituent le coeur battant de la ville. Les poissonniers y proposent lottes, ablettes et perches du Léman tandis que les fromagers y vantent abondance, reblochon et tommes des montagnes environnantes. Alors, il faut entrer dans cette église et s'approcher du choeur. Là, les visages très fins des miséricordes témoignent de l'influence précoce de la Renaissance italienne, tandis que la croix de Savoie rappelle aux visiteurs que la région n'est française que depuis 1860.
Une immersion dans l'Art nouveau
En sortant, le passage de l'église grimpe vers la gaffe des Francs – la "gaffe" étant une venelle, une traboule – qui passe sous une maison Renaissance et débouche sur des jardins cachés dans les cours. Au sommet, les maisons colorées de la place Charles-de-Gaulle dégringolent vers le lac. Rue Nationale, la façade Art nouveau de l'ancien café Helvetia évoque les temps du thermalisme lorsqu'Évian-les-Bains recevait Anna de Noailles, Marcel Proust et Gustave Eiffel. Viollet-le-Duc a remanié l'hospice médiéval, y ajoutant des fleurs sur la corniche. Et voici la première usine d'embouteillage de l'eau d'Évian, là où tout a commencé. Les cabines en bois blanches et vertes du funiculaire s'arrêtent toujours à la station "Buvette Cachat". C'est ici que coule la fameuse source dont les vertus ont été révélées en 1790. Depuis, les promeneurs patientent pour remplir gobelets et bouteilles avec cette eau, à une température constante de 11,6 °C. La buvette Cachat constitue un joyau d'Art nouveau. Surmonté d'une horloge et orné de larges vitraux, ce chalet en bois ouvragé ressemble à une isba revisitée. Son architecte, Jean- Albert Hébrard, a également réalisé le casino, point d'orgue de toute cité thermale. Alors, il faut descendre vers le lac où une promenade a été aménagée au XIXe siècle sur un remblai. Là, l'Hôtel de ville est installé depuis 1927 dans la villa des frères Lumière. Deux atlantes y soutiennent la porte décorée d'une frise où un ange se cache derrière une caméra. Les jours ouvrables, le public peut découvrir la verrière – Art nouveau là encore –, le bureau, la cheminée en onyx du vestibule et le salon doré. Toujours sur les quais, voici les thermes, le théâtre baroque de 1885 et le fameux casino. Après avoir montré sa carte d'identité, infiltrez-vous au milieu des bandits manchots pour découvrir enfin son incroyable coupole orientaliste inspirée, en toute modestie, de la basilique Sainte-Sophie à Istanbul
Les jardins de l’eau du Pré Curieux
En 1995, le Conservatoire du littoral acquiert cette belle propriété pour y démontrer l'importance des zones humides. Le visiteur s'y promène au milieu de bassins où s'épanouissent sagittaires, joncs, trèfles, nénuphars et iris jaune. L'accès se fait uniquement par un bateau solaire, ce qui permet d'observer canards, cygnes, cormorans et bergeronnettes devant de magnifiques villas invisibles depuis la route.
Tsunami sur le Léman
Au VIe siècle, Grégoire de Tours écrit: "Après avoir fait entendre pendant plus de soixante jours une espèce de mugissement, cette montagne se précipita dans le fleuve avec les hommes, les églises, les richesses et les maisons." Évêque de Lausanne, Marius d'Avenches décrit lui aussi un tsunami sur le Léman. En 2010, deux géologues de l'université de Genève confirment qu'un tsunami s'est bien produit en 563 avec des vagues de 8 mètres à Évian et de 13 mètres à Lausanne.
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Camille Blanc, première victime des accords d'Évian
Le 31 mars 1961, Camille Blanc, le maire socialiste de la ville, est réveillé par une déflagration. En pyjama, il descend téléphoner à la police quand une seconde explosion le tue. L'OAS vient de l'assassiner pour avoir accepté d'accueillir les négociations de paix entre la France et l'Algérie. Un an plus tard, le 18 mars 1962, les accords d'Évian sont signés à l'Hôtel du Parc, mettant fin à sept années de guerre.
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