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Diabète: la révolution des capteurs de glycémie

Trop de sucre dans le sang? Vous faites partie des quatre millions de personnes en France touchées par un diabète, ce trouble de l'assimilation, de l'utilisation et du stockage des sucres apportés par l'alimentation. Votre objectif désormais: réussir à stabiliser votre taux de glucose dans le sang (la glycémie) pour éviter des complications parfois sévères. Les capteurs de glycémie jouent un rôle déterminant dans l’autosurveillance glycémique.

Cet article est paru dans le magazine Notre Temps , N°659

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Ce qui change: contrôler la glycémie via un appareil lecteur de mesure que l'on soit diabétique de type 1 ou 2 sans injections

Aujourd'hui, la distinction entre diabète de type 1 (DT1, insulinodépendant) et de type 2 (DT2, majoritaire, longtemps appelé diabète de la maturité) n'est plus si nette: les injections régulières d'insuline ne sont plus réservées aux DT1. Pour autant la qualité de vie des diabétiques a fait un bond en avant grâce aux nouvelles technologies.

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La révolution des capteurs de glycémie (comme le capteur freestyle libre)

Des capteurs de glycémie discrets et indolores. Si la médecine sait aujourd'hui soigner le diabète, elle ne le guérit pas encore. L'autosurveillance reste donc capitale pour adapter le traitement. L'arrivée sur le marché du système Freestyle Libre première génération, remboursé depuis 2017, marque un tournant dans la vie des diabétiques. Fini les désagréables piqûres au bout des doigts, place aux mesures flash du taux de glucose par simple "scan"! Nous l'avons testé, il est d'un confort étonnant. Un filament souple de 5 millimètres inséré sous la peau est relié à un capteur externe. Le taux de sucre est disponible à la demande, via une application chargée sur le smartphone, par simple scan au-dessus du capteur. "J'ai vu des patients changer de mode de vie et se stabiliser en quinze jours", témoigne la Dre Emmanuelle Lecornet-Sokol, diabétologue. Les relevés sont archivés, présentés sous forme de courbes. Le médecin peut recevoir des alertes en cas de dépassement de seuil.

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Qui à droit à ce dispositif médical pris en charge par la Sécurité sociale: DT2 et DT1

Pour qui?

• Les DT2 y ont désormais accès dès qu'ils nécessitent une injection d'insuline quotidienne, si le diabète est mal équilibré. C'est depuis l'été 2023 que le dispositif FreeStyle Libre 2, pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, n'est plus réservé aux DT1.

• Les enfants peuvent en bénéficier dès l'âge de 4 ans.

• Pour les patients âgés ou souffrant de troubles psychiques, vulnérables aux chutes et fractures fréquentes lors des hypoglycémies, c'est une avancée très attendue. "Des études démontrent son intérêt en Ehpad", soulignait la Pre Lyse Bordier, cheffe du service d'endocrinologie à l'hôpital des armées Bégin (Saint-Mandé) lors du Congrès 2024 de la Société francophone du diabète à Toulouse.

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Ce qui a changé pour les personnes diabétiques équipées du capteur de glycémie FreeStyle

Les progrès: 

• En moyenne, les patients sont passés de cinq piqûres quotidiennes au bout du doigt à dix mesures par scan. Les hypoglycémies source de malaises sont vite repérées et compensées.

• Les hospitalisations pour complications aiguës ont baissé de 67%, les comas diabétiques de 71%! "Ces résultats spectaculaires, démontrés par l'étude rétrospective Relief issue de la base de données du Système national des données de santé ont permis le remboursement aux diabétiques de type 2", se réjouit le Pr Bruno Guerci, au CHRU de Nancy-hôpitaux de Brabois (Vandoeuvre-lès-Nancy).

• L'amélioration de l'équilibre glycémique limite le recours aux médicaments. Il permet parfois de supprimer les injections d'insuline des DT2 rapidement pris en charge.

• L'accès depuis quelques mois à une télésurveillance, à la demande des patients, optimise les interventions du médecin au meilleur moment. Elle désencombre les cabinets médicaux. La France est le premier pays à rembourser cet acte.

Autre nouveauté: la prescription peut désormais être initiée par les médecins généralistes, ce qui est pratique car ce sont eux qui suivent plus de 80% des diabétiques de type 2.

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agnès duperrin Dézoomer
© D.R.

Où placer le capteur freestyle libre pour tester sa glycémie??

Agnès Duperrin, journaliste à Notre Temps: "J'ai passé quatorze jours dans la peau d'un diabétique"

"À la question: “Qui souhaite comprendre les variations de sa glycémie au fil de la journée?”, j'ai levé le doigt sans hésitation, et me voilà équipée à titre expérimental pour Notre Temps d'un Free Style Libre. Une sorte de tampon encreur indolore met en place sous mon biceps un filament souple qu'on croirait ôté d'une brosse à cheveux. Une fois l'application chargée, c'est parti pour deux semaines de compagnonnage avec l'appareil.

Bien sûr – je ne suis pas diabétique – mon corps devrait compenser seul les variations de ma glycémie. Mais en quatorze jours, j'évalue soudain l'impact de mes menus et de mes activités: sur l'écran de mon téléphone, la mesure s'affiche instantanément dans ou hors de l'intervalle glycémique cible. Pas de piqûre ni de peau à désinfecter qui me ferait me sentir malade.

Adapter mes choix devient intuitif. J'observe un pic de glycémie bien plus haut si je me régale de biscuits à distance du repas. Je mesure l'effet d'une marche de 30 minutes après le petit déjeuner, les atouts du pain complet comparé à une baguette blanche… Au bout de quatorze jours, il faut changer de capteur. À ma demande, la Dre Lecornet-Sokol analyse mes données: “Avec plus de 70% du temps dans l'intervalle cible, vous n'êtes pas diabétique”, confirme-t-elle. Elle décrypte: “Ce pic est lié à un verre de jus de fruit? Il ne serait pas apparu avec une orange complète dont les fibres lissent la glycémie”. Quant au capteur, il est désormais recyclé, m'indique-t-elle. Instructif!"

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Nos experts

Avec:

- la Dre Emmanuelle Lecornet-Sokol endocrinologue et diabétologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris),

- la Pre Hélène Hanaire, cheffe du service diabétologie au CHU de Toulouse,

- le Pr Bruno Guerci, chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition au CHRU de Nancy-hôpitaux de Brabois (Vandœuvre-lès-Nancy).

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