J'y étais: mon premier concert...

Cet article est paru dans le magazine Notre Temps , N°655
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"J’étais amoureuse de Mick Jagger"
"Le 6 juin 1976, j'avais 14 ans et un rêve est devenu réalité: je suis allée au concert des Rolling Stones dans les anciens abattoirs de la Villette, à Paris. Mes parents m'avaient donné une autorisation exceptionnelle à condition que je reste avec mon frère, de quatre ans mon aîné. C'est lui qui m'avait initiée au rock et en particulier à ce groupe qu'il adorait. Il jouait de la guitare et n'avait d'yeux que pour Keith Richards ; moi, évidemment, j'étais amoureuse de Mick Jagger! Sur place, mon frère m'a fixé un rendez-vous à côté du métro pour qu'on s'y retrouve à la fin du concert: il est parti retrouver ses copains et moi je me suis glissée au pied de la scène avec ma meilleure amie. Ça a été extraordinaire: on était un monde fou à chanter tous les morceaux qu'on connaissait par coeur et à ovationner nos idoles en agitant des briquets allumés. Au milieu de cette foule, dans les fumées de cigarettes (avec beaucoup de relents de cannabis!), j'avais l'impression de vivre le festival de Woodstock. Je suis rentrée avant minuit, avec mon frère comme prévu!" Josée Casal, 62 ans, Saintes (17).
"Brel, une intensité unique"
"J'ai assisté au concert de Jacques Brel au Kursaal de Boulogne-sur-Mer, en février 1965. J'avais à peine 22 ans, mariée depuis deux mois et, mon mari et moi étions tous les deux professeurs. Nous avions tous les disques de Brel, aussi, lorsque le directeur de notre collège nous a parlé du concert en nous proposant de nous y emmener, nous n'avons pas hésité! J'avais déjà vu Romain Bouteille ou Pierre Perret sur scène, mais là, c'était une tout autre dimension… Brel était d'une intensité unique: il faisait de grands gestes, vivant ses textes à fond. Nous étions très près de la scène, dans une salle bondée d'admirateurs qui écoutaient dans un silence religieux avant d'applaudir à tout rompre. Mais, je crois que, comme nous, beaucoup fredonnaient intérieurement les paroles que nous connaissions parfaitement. Ce concert nous a marqués, les occasions de voir Brel sur scène étaient rares et nous nous sentions privilégiés." Sylviane Vichery-Hingrez, 80 ans, Sauchy-Cauchy (62).
"Des odeurs de patchouli et de substances illicites…"
"J'ai 17 ans. C'est l'été. Des affiches bariolées ont annoncé que la grande tournée d'un festival de groupes de rock français faisait escale dans l'île de Ré. J'ai rejoint un copain du lycée et nous avons pris le bac depuis La Rochelle, notre ville. Nous avons cassé notre tirelire et enfourché nos vélos. Cinq groupes sont au programme: Mona Lisa, Carpe Diem, Magma, Ange et Little Bob Story… Nous avons dit à nos parents que nous rentrerons par le dernier bac. Les odeurs de patchouli et de substances illicites flottent sur la prairie devant la scène. Nous ouvrons grands les yeux devant les centaines de garçons aux cheveux longs et de filles en jupes de toutes les couleurs. Les décibels nous submergent, les solos de guitares planantes s'envolent dans la nuit chaude, avant que la batterie surpuissante de Magma fasse vibrer nos tympans et que le rock'n'roll agressif de Little Bob ramène tout le monde sur terre! Aïe! nous avons raté le dernier bac… Savon en perspective! Nous nous endormons roulés en boule au pied de nos vélos, entourés par la multitude de babas cool. C'est mon premier concert. Le premier d'une très longue série…" Jean-Christophe Martineau, 64 ans, Maisons-Alfort (94).
"Brassens, très timide, presque gêné d’être sur une scène"
"J'ai assisté au dernier concert de Georges Brassens, à Bobino, en 1976, et j'en garde un souvenir très ému. J'étais adolescente et je connaissais tout son répertoire, que nous chantions à tue-tête en famille dès que nous montions en voiture… à l'exception de ses chansons paillardes, que j'ai découvertes bien plus tard! Il y avait tant d'audace et d'humour dans ses textes que j'ai été très surprise de constater que Brassens était un homme très timide, presque gêné d'être devant nous sur une scène. Je le revois debout avec sa guitare, un pied sur une chaise, le visage impassible pour égrainer des phrases hilarantes et franchement transgressives, comme dans le “Gorille” ou “La complainte des filles de joie”. Et de temps en temps, quand les paroles devenaient coquines ou provocatrices, son regard s'allumait, pétillant de rire et il baissait les yeux ou regardait son contrebassiste, faussement honteux. Il n'y avait aucune arrogance chez lui. Il était très humble, honnête et profondément courageux avec ses opinions." Marie Gineix, 64 ans, Meymac (19).
"Johnny en veste rouge"
"Hallyday en 1960. J'avais 21 ans et il en avait tout juste 17 ans. Cela se passait en matinée dans une salle de cinéma du quartier de la Nation, à Paris. Comme mon ami travaillait et n'avait pas pu avoir de congé ce jour-là, j'avais entraîné ma grand-mère, qui avait accepté de venir avec moi. Je me souviens de Johnny vêtu d'une veste rouge, chantant accompagné de sa seule guitare et qui se roulait par terre en continuant à chanter sans lâcher sa guitare. Et surprise: ma grand-mère, qui était d'une très grande sévérité avec moi, trouvait cela drôle! Le concert s'est terminé sans qu'aucune chaise ne soit cassée et j'étais heureuse. Plus tard, j'ai pourtant assisté à des concerts de chanteurs que j'adorais, Georges Brassens, Jacques Brel, Enrico Macias, Jean Ferrat, Julien Clerc… mais ils ne m'ont jamais donné autant de plaisir que celui de Johnny." Caroline Boonroy, 84 ans, Gagny (93).
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