Culte de la maigreur sur TikTok: la Belgique alerte à son tour l'UE
Le gouvernement belge a alerté mercredi la Commission européenne sur le culte de la maigreur qui sévit dans des vidéos TikTok, jugeant "insuffisantes" les mesures prises par le réseau social contre ce "danger majeur" pour les adolescentes.
"L'algorithme de TikTok, en enfermant les jeunes dans une spirale de contenus extrêmes, constitue un danger majeur pour leur santé mentale et physique", a estimé la ministre belge chargée du Numérique Vanessa Matz.
Cette centriste francophone a jugé nécessaire d'intervenir d'autant plus "à l'approche de l'été, période sensible pour l'estime de soi".
Mme Matz vise en particulier les publications de TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, sous des mots-clés comme "Skinny" ("maigre" en anglais) ou "Skinnytok", qui malgré l'apparition de bandeaux de prévention étaient encore visibles par centaines de milliers ces jours-ci sur le réseau.
Ces vidéos, principalement incarnées par de jeunes femmes, contiennent des conseils pour perdre du poids, parfois des remarques associant la beauté au fait de voir les contours des os sur le corps.
Elles sont accusées d'"inciter" aux troubles du comportement alimentaire (TCA). En Belgique 15% des femmes âgées de 10 à 64 ans présentent une suspicion de TCA (11% pour les hommes), selon l'institut de santé publique Sciensano.
Sollicité par l'AFP, TikTok a assuré combattre sur son réseau "les comportements dangereux liés à la perte de poids". "Nous proposons de nombreuses ressources dédiées au bien-être et des moyens de se connecter à des experts, directement depuis notre application", a souligné un porte-parole.
Concrètement la ministre belge a saisi le régulateur des télécoms en Belgique, l'IBPT, chargé de transmettre ses récriminations à la Commission européenne ainsi qu'au régulateur irlandais qui fait office de coordinateur européen pour les plateformes numériques. Comme d'autres grands acteurs du secteur, Google par exemple, TikTok a son siège européen à Dublin.
La Belgique prend le relais d'autres pays de l'UE, dont la France, qui ont déjà exigé un renforcement de la pression de Bruxelles sur les grandes plateformes numériques pour qu'elles se conforment aux règles européennes de protection des utilisateurs édictées dans le DSA ("Digital Services Act").
Ce règlement européen, entré pleinement en vigueur en février 2024, contraint les plateformes en ligne à respecter les règles existantes dans le droit national ou européen, sous peine de lourdes sanctions.
Dès février 2024, la Commission européenne avait annoncé l'ouverture d'une enquête visant TikTok, pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs.
mad/aro/
Prolongez votre lecture sur le sujet :