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Les vieux veulent peser sur la campagne présidentielle!

Quarante personnalités politiques, intellectuelles, issues du monde de la culture ou associatif ont fondé le Conseil national autoproclamé de la vieillesse pour faire de l'avancée en âge l'un des thèmes de la campagne présidentielle. Martine Gruère, vice-présidente du mouvement Old'Up, explique les objectifs du collectif.

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Notre Temps: Qu’est-ce qui vous a conduit à participer à la création du Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNaV)?

Martine Gruère: L’un des éléments déclencheurs de la constitution du collectif réside dans le fait que la loi grand âge autonomie a été, une fois de plus, repoussée à une échéance inconnue. Notre conviction, à Old'Up, c’est qu’il faut donner du sens et de l’utilité à l’allongement de la vie. Nous sommes tous adultes, quel que soit notre état, et nous revendiquons notre place de citoyens engagés dans la vie de la société. Nous voulons être reconnus comme tels et non pas mis à l’écart parce que vieux. Il en découle pour la société une perte de capacité d’initiatives que nous représentons. Nous sommes près de 30% de la population et nous sommes mis à l’écart a priori, en raison de notre âge. Au lieu d’être pris en compte, d’être associés aux projets, d’être entendus dans nos projets. La société doit changer le regard qu’elle porte sur les vieux.

À quel âge est-on "vieux"?

M. G.: À partir du moment où l’on accepte l’idée qu’on l’est! Il n’y a pas d’âge! Mais il y a un amalgame entre vieillesse et dépendance alors qu’en proportion, il n’y a pas tant de personnes dépendantes que cela. Cette confusion est désolante. Résultat: à partir d’un certain âge, nous sommes considérés comme inintéressants. On ne nous écoute plus. La crise sanitaire et le confinement ont empiré les choses. Les discours du type: "limitez vos sorties", "faites attention à vous!" sont insupportables. J’ai 76 ans, je suis responsable de moi. Je suis capable de discerner ce que je suis capable de faire ou de ne pas faire. Et on ne doit pas me le dire à ma place. En famille, c’est extraordinaire: c’est la primeur aux adultes travaillant qui ont plein de choses à raconter. Nous sommes supposés n’avoir rien à dire... Il faut que les vieux s’autorisent à penser que leurs avis comptent et qu’ils peuvent participer à la vie de la société, prendre des responsabilités, etc. Cette mise à l’écart est une perte incroyable pour la société.

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Qu’attendez-vous de la campagne présidentielle?

M.G.: Au sein du CNaV, nous voulons que les enjeux de l’avancée en âge soient pris en compte par les candidats. Nous allons contacter tous les postulants à la présidence et les députés pour faire savoir nos positions et demander la constitution d’un Conseil national consultatif des personnes vieilles, CNCPV, à l’image du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). (Ndlr: le CNCPH conseille les pouvoirs publics dans l’élaboration, la conduite et l’évaluation des politiques et de l’action publiques concernant les personnes en situation de handicap). Cette instance serait, comme c’est le cas du CNCPH, reçue par le Premier ministre et l’ensemble des ministères pour réfléchir aux moyens d’améliorer les situations auxquelles les vieux sont confrontés. Ce qui fonctionne très bien – et tant mieux – pour les personnes handicapées. C’est un moyen de reconnaître l’utilité sociétale des personnes âgées.

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La lettre ouverte du CNaV publiée le 22 décembre dans Le Monde dénonce les mesures de restrictions prises par certains ehpad à l’occasion des fêtes de fin d’année. Estimez-vous que le fait que les résidents soient tous vaccinés rende inutiles de telles mesures et qu’il faille rouvrir plus largement les établissements?

M. G.: Tant qu’il n’y aura pas de représentants d’usagers ni de personnes de l’extérieur, elles-mêmes âgées, présentes dans les conseils de vie sociale des établissements pour que les choses avancent sans craindre de prendre position par rapport à la direction, ce ne seront pas des lieux de véritable démocratie. Quel est le constat? Le sanitaire prime sur tout le reste dans beaucoup d’Ehpad! L’humain est oublié et en particulier ce besoin de rencontrer des gens, de partager, d’être en lien avec d’autres. C’est dramatique! Cela revient à traiter les gens comme des objets. Or, nous sommes des sujets, quel que soit notre état. On le sait, il y a eu des morts dans des établissements parce que les résidents ne pouvaient plus voir leurs proches, qu’il n’y avait plus de visites régulières. Des gens ont préféré se laisser mourir que de vivre cette solitude monstrueuse. Le vieux est une personne!

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